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Le boycott de Danone, de Total et de l’eau minerale se poursuit au Maroc !

La population marocaine s’est saisie depuis plus de 2 mois de l’arme du boycott pour faire connaître son ras le bol face à la vie chère et aux profiteurs. Et ça marche !


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Les produits Danone, l’eau minérale Sidi Ali et les stations-service Afriquia, premier réseau du pays, ont été pris pour cible. Le roi se trouve confronté à la colère sociale.

Le mot d’ordre est apparu le 20 avril sur les réseaux sociaux. Les trois marques, leader sur trois produits de base – eau, lait et carburant –, sont accusées de pratiquer des prix très élevés. En outre, deux de ces sociétés sont détenues par des personnalités influentes, au croisement de la politique et de l’économie.

Aziz Akhannouch, 57 ans, propriétaire d’Afriquia, ministre de l’agriculture, est présent dans les hydrocarbures, l’immobilier et la presse et pressenti pour prendre la tête du prochain gouvernement.

L’eau minérale Sidi Ali appartient à la patronne des patrons, Miriem Bensalah-Chaqroun.

Le boycott majoritairement observé par les classes populaires et classes moyennes a d’abord fait l’objet d’invectives de la part du gouvernement et des firmes ciblées, qui sont en situation de monopoles et se croient tout permis.

Mais le ton a fini par changer. Ainsi Emmanuel Faber, le PDG de Danone, qui accuse une chute de ses ventes de 50 %. s’est rendu au Maroc le 26 juin pour « essayer de calmer un peu les esprits » et tenter de déminer la situation qui vise sa filiale depuis plus de deux mois. Mais il avait d’abord qualifié de « traîtres » les boycotteurs » !

Il a rencontré quelques familles pour les « écouter et les comprendre », organisé une conférence de presse, en y conviant blogueurs et autres acteurs du web marocain, et surtout fait quelques promesses.

La première est la vente du lait frais pasteurisé Centrale à prix coûtant. Autrement dit, la filiale marocaine du géant français ne fera plus aucun profit sur cette gamme de produits, tout en maintenant sa qualité : « Notre lait restera naturel et complètement issu de l’élevage marocain »

Le deuxième engagement de Danone est celui de communiquer aux consommateurs l’ensemble des coûts concernant la fabrication d’un litre de lait, de la collecte, la pasteurisation, l’emballage, le transport et les coûts de commercialisation.

Il a également promis de vendre le lait à un prix abordable, en « inventant un nouveau modèle pour trouver le juste prix ».

Sous la pression de ce boycott, une commission mise en place pour enquêter sur la hausse des prix des carburants, vient de sortir un rapport révélant les marges mirobolantes enregistrées par les grandes sociétés de distribution pétrolière : 2 dirhams par litre, soit 7 milliards de dirhams par an (environ 630 millions d’euros), 14 milliards sur deux ans et « 17 milliards en y incluant les premiers mois de l’année 2018 ».

« C’est une façon moderne et pacifique de revendiquer. Surtout après ces deux années où l’on a vu de nombreux protestataires être poursuivis et mis en prison », reconnaissent des députés à propos de cette campagne de boycott.

Depuis deux ans, les conflits sociaux se sont multipliés dans le pays. Dans le Rif, la mort d’un jeune vendeur de poisson travaillant dans l’informel avait déclenché un vaste mouvement populaire, en 2016-2017, contre la marginalisation économique de la région.

« Aujourd’hui, les jeunes leaders de la contestation sont en procès à Casablanca et la ville d’Al-Hoceima, épicentre de la révolte, vit sous une chape de plomb. Dans l’est du pays, les mineurs de Jerada, qui ont manifesté fin 2017 pour obtenir des emplois, ont connu le même sort. « Il y a une lame de fond de colère contre les abus de pouvoir, contre le manque de perspectives économiques. Mais beaucoup ont peur de sortir manifester dans la rue, souligne Omar Balafrej. C’est pour ça que le boycott a pris. », rappelle Le Monde.

« Sans origine traçable, sans meneurs identifiés ni organisation pyramidale, le mouvement n’offre que peu de prise au pouvoir. « C’est l’ancien monde, les syndicats, les politiques, les médias traditionnels qui faisaient l’opinion et sont aujourd’hui dépassés, face au nouveau monde en train d’émerger », analyse le journaliste Abdellah Tourabi, interrogé par la quotidien français.
« Les deux grands perdants du boycott, estime-t-il, sont Aziz Akhannouch, censé être le principal challenger du système face au parti islamiste lors des élections de 2021, mais aussi le gouvernement de Saadeddine El Othmani (PJD), qui n’a pas su réagir.

L’ONG Transparency Maroc, qui lutte contre la corruption, a enfoncé le clou dans un communiqué : « C’est toute la gouvernance d’une économie minée par la rente, la corruption et l’interférence du pouvoir politique avec celui de l’argent, qui est visée. »
« Ce boycott est un signe de vie de la société marocaine, une politisation potentielle des citoyens, alors que 20 millions de Marocains n’ont pas voté aux dernières élections. Encore faut-il que les autorités soient à l’écoute de ça. »

CAPJPO-EuroPalestine